Les débuts de l’intelligence

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Les débuts de l’intelligence
Auteur : Charles Darwin (1809-1882) - Naturaliste anglais.
Auteur de l'analyse : Liliane Maury - Chargée de recherches honoraire au CNRS, enseignante à l’EHESS
Publication :

« Les débuts de l’intelligence. Esquisse biographique d’un petit enfant », La Revue scientifique de la France et de l’Étranger, 2e série, 7e année, 14 juillet 1877, p. 25-29 ; traduction de « A biographical sketch of an infant », revue Mind, juillet 1877, p. 285-294.

Année de publication :

1877

Nombre de Pages :
5
Résumé :

Darwin reprend les observations faites trente-sept ans plus tôt (1840) sur la naissance des expressions chez son jeune fils. Le texte de Darwin est à l’origine d’une nouvelle psychologie de l’enfant qui se veut délibérément scientifique, c’est-à-dire fondée sur l’observation.

Source de la numérisation :
Mise en ligne :
juillet 2011

Le texte de Darwin est à l’origine d’une nouvelle psychologie de l’enfant qui se veut délibérément scientifique, c’est-à-dire fondée sur l’observation : ce sont les « minutieuses observations » qu’il avait faites trente-sept ans plus tôt sur son jeune fils, et qu’il « avait eu soin d’écrire sur-le-champ », qui sont à l’origine de cet article. Un peu comme les observations qu’il avait faites sur les pinsons des Galapagos, lors du voyage sur l’HMS Beagle, seront, entre autres, à l’origine de sa théorie de l’évolution. Liliane Maury, nous emmène dans un périple qui va de Darwin jusqu’au psychiatre Jacques Lacan, en passant par le quelque peu oublié Henri Wallon (1879-1962), normalien et médecin, par ailleurs auteur avec Paul Langevin du plan Langevin-Wallon (projet global de réforme de l'enseignement et du système éducatif français,1944-1947). Sur la base des remarques de Darwin, elle étudie notamment ce qui s’appellera « le stade du miroir chez l’enfant » , tel que vu par un certain nombre de psychologues.


 

Liliane Maury est docteur en psychologie (HDR 1990). Elle a fait sa carrière au Centre d'étude des processus cognitifs et du langage (équipe associée au CNRS et à l'École pratique des Hautes Études), puis dans la section des Sciences humaines et sociales du CNRS (section 35). Depuis sa retraite, elle co-dirige (avec Mireille Delbraccio, ingénieur de recherche au CNRS) un séminaire à l'EHESS, intitulé "Philosophie et sciences humaines", rattaché au CAPHES-ENS et à l'USR 3308-CIRPHLES.

 

Esquisse biographique d’un petit enfant
Liliane Maury - Chargée de recherches honoraire au CNRS, enseignante à l’EHESS
 
 
Un éditeur allemand m’ayant écrit pour me demander un compte rendu du développement de mes idées et de mon caractère, avec une esquisse autobiographique, j’ai pensé que la tentative m’amuserait et pourrait peut-être intéresser mes enfants et leurs enfants. Cela m’aurait captivé d’avoir une esquisse, même courte et ennuyeuse, des idées de mon grand-père, écrite par lui-même, sur ce qu’il pensait et faisait, sur sa façon de travailler. J’ai essayé de rédiger le présent compte rendu que je fais de moi-même, exactement comme si j’étais un mort dans l’autre monde, jetant un regard rétrospectif sur ma propre vie. Je n’ai pas trouvé cela difficile, du fait que ma vie touche à son terme. Je n’ai d’ailleurs pas fait d’efforts de style.
Ces lignes, qui ouvrent l’Autobiographie (1) de Darwin, datent très précisément du 31 mai 1876. Darwin a par conséquent 75 ans puisque, comme il le précise au paragraphe suivant, il est né en 1809, à Shrewsbury. Il termine l’ouvrage au mois d’août de la même année, et précise aussi qu’il y a consacré à peu près une heure par jour.
Mais ce qui nous concerne plus directement, c’est que cette Autobiographie est contemporaine de « L’esquisse biographique d’un petit enfant », que nous allons analyser. Cette dernière décrit le comportement de l’aîné de ses enfants, prénommé William Erasmus. Ce second prénom est celui du grand-père que Darwin regrette tant de n’avoir pas connu (il est mort en 1802), mais qu’il aime et admire à travers son œuvre, notamment la Zoömania, qu’il a lue et commentée.

 

 

Figure 1: William Erasmus Darwin (1731-1802), médecin et botaniste anglais, grand-père de Charles Darwin (tableau National Portrait Gallery, Londres, d’après Joseph Wright)

Figure 1: William Erasmus Darwin (1731-1802), médecin et botaniste anglais, grand-père de Charles Darwin (tableau National Portrait Gallery, Londres, d’après Joseph Wright)
La quête de soi et des origines semble bien être une caractéristique de la seconde moitié du XIXe siècle, siècle dit romantique. Et Darwin est manifestement un représentant parfait de ce romantisme, romantisme à l’anglaise toutefois ­— différent du romantisme allemand ou français — et surtout, ce qui est plus original, à caractère scientifique. On peut penser que ce n’est sans doute pas un hasard, si c’est à cette même époque, que naît une psychologie qui se veut délibérément scientifique, c’est-à-dire fondée sur l’observation.
Le texte de Darwin est donc à l’origine d’une nouvelle psychologie de l’enfant, même si cette dernière, comme nous le verrons, lui fait subir toutes sortes de transformations, déformations et déplacements, et en réduit considérablement la portée.
Avant d’y venir, disons encore quelques mots de cette Autobiographie. Elle n’est pas divisée en chapitres, mais en périodes successives. La première s’étend de la naissance à 1828, c’est-à-dire son entrée à Cambridge. Cette période s’achève en 1831 et c’est alors que survient « l’événement le plus important de [sa] vie » : le voyage du Beagle (2).
Ce voyage occupe cinq années de sa vie, du 27 décembre 1831 au 2 octobre 1836, et Darwin un peu laconique, mais tout de même encore émerveillé, le commente comme suit :
Il dépendit pourtant d’une circonstance aussi minime que l’offre par mon oncle de faire trente milles pour me conduire à Shrewsbury, ce que peu d’oncles auraient fait, et d’un détail aussi ridicule que la forme de mon nez.
Voici les faits.
Lorsqu’on propose au jeune homme de faire le tour du monde, en tant que naturaliste, à bord du Beagle et sous le commandement du capitaine Fitz-Roy, son père se montre plus que réticent : à moins qu’il se trouve une personne sensée et susceptible de le convaincre. C’est là le rôle de l’oncle et futur beau-père de Darwin, Josiah Wedgewood. Il reconduit son neveu chez lui, et convainc le père récalcitrant.

 

 

Figure 2: Le HMS Beagle, en 1841 en Australie. Aquarelle d’Owen Stanley (1811-1851), peintre et officier de marine. Ce navire fit trois voyages par le monde, dont le plus célèbre est le second (1831-1836), avec Darwin à son bord1 (image Wikipedia).

Figure 2 : Le HMS Beagle, en 1841 en Australie. Aquarelle d’Owen Stanley (1811-1851), peintre et officier de marine. Ce navire fit trois voyages par le monde, dont le plus célèbre est le second (1831-1836), avec Darwin à son bord (3)(image Wikipedia).
Quant à l’histoire du nez, c’est une plaisanterie – Darwin ne se prend certes pas pour Cléopâtre. Mais le capitaine Fitz-Roy, auquel il est présenté au mois de septembre à Londres, est un fervent adepte de Lavater, l’auteur de L’art de connaître les hommes par la physionomie
En fait, d’autres choses opposeront Darwin et Fitz-Roy, un homme au caractère atrabilaire et colérique : l’esclavage par exemple que Darwin exècre et les idées religieuses. Darwin d’ailleurs consacre plusieurs pages de l’Autobiographie à ce thème et conclut : « Je peux être qualifié de déiste.»
Ce point est d’autant plus délicat que le jeune homme, à cette époque, est destiné à devenir clergyman. Il va de soi que ce voyage mémorable, au cours duquel il observe tant et tant de phénomènes naturels – flore, faune, terres, océans, oiseaux et animaux terrestres ou aquatiques, insectes et bien sûr, hommes et mœurs de toutes sortes – change sa destinée, ou plus exactement, lui permet de se réaliser : « I was born a naturalist (4) »
Une fois rentré, Darwin se pose la question : « se marier » ou « ne pas se marier » ? Ayant opté pour la première solution, il peut écrire dans les dernières pages de l’Autobiographie :
Mon premier enfant était né le 27 décembre 1839, et je commençai aussitôt à prendre des notes sur l’apparition de ses diverses expressions : j’étais convaincu, dès cette époque, que les nuances d’expression même les plus fines et les plus complexes, doivent toutes avoir une origine naturelle et progressive. L’été suivant, en 1840, je lus l’ouvrage admirable de Sir Bell sur l’expression, et cela accrut mon intérêt pour le sujet, malgré mon impossibilité à admettre son point de vue selon lequel les muscles auraient été créés spécialement pour l’expression. A dater de cette époque, je me penchais de temps à autre sur la question à la fois par rapport à l’homme et aux animaux domestiques. Mon livre se vendit très bien : 5267 exemplaires écoulés depuis le jour de la publication.
Ce livre, c’est :

 

 

L’expression des émotions chez l’homme et les animaux
L’ouvrage paraît en 1872, c’est-à-dire un an après La Descendance de l’homme (5), dont initialement il devait faire partie. Mais devant son ampleur, Darwin décide de l’en séparer et d’en faire un écrit indépendant. Il faut reconnaître que cette solution est bien justifiée, car la problématique est un peu différente et, surtout, la méthode adoptée très originale.
C’est dans l’introduction du livre que Darwin expose les six moyens d’observation qu’il a utilisés pour étudier de façon minutieuse « l’expression des émotions chez l’homme et les animaux ».
En ce qui concerne les animaux, Darwin est à son affaire :
[…] j’ai observé d’aussi près que j’ai pu l’expression des diverses passions chez quelques-uns de nos animaux domestiques. Je crois que ce point est d’une importance capitale, non pas sans doute pour décider jusqu’à quel degré certaines expressions sont, chez l’homme, caractéristiques de certains états d’esprit, mais parce qu’il nous fournit la base sûre pour établir d’une manière générale les causes ou l’origine des divers mouvements de l’expression. En observant les animaux, nous sommes moins exposés à subir l’influence de notre imagination, et nous n’avons pas à craindre que leurs expressions soient conventionnelles.
On voit bien dans ce passage, que ce qui importe à Darwin, et c’est très exactement la question qu’il pose dès les premières lignes de « l’Esquisse biographique d’un petit enfant », est de séparer les mouvements innés — éternuer, bailler, s’étirer, crier ou encore tressaillir en entendant un bruit et cligner des yeux — de ceux qui seront progressivement acquis par l’expérience. A la fin de l’introduction, où il évoque l’observation de son fils, il écrit :
À cette date, j’inclinais déjà à croire au principe de l’évolution, c’est-à-dire à la production des espèces par d’autres formes inférieures. En conséquence, lorsque je lus le grand ouvrage de Sir Ch. Bell, je fus frappé de l’insuffisance de sa théorie, d’après laquelle l’homme a été créé avec certains muscles spécialement adaptés à l’expression des sentiments. Il me parut probable que l’habitude d’exprimer nos sentiments par certains mouvements avait dû être acquise graduellement, bien qu’elle soit devenue innée. Mais découvrir comment ces habitudes avaient été acquises n’était pas une tâche peu embarrassante.
Pour les autres moyens, Darwin procède de façon indirecte. Il charge par exemple un psychiatre d’observer les aliénés, « car ils sont soumis aux passions les plus violentes et leurs donnent libre cours. »
De plus, il envoie à « plusieurs missionnaires ou protecteurs des indigènes » un long questionnaire, portant sur la façon dont « des naturels ayant eu peu de communications avec les Européens » expriment leurs sentiments. Voici les deux premiers items de ce questionnaire qui en comporte seize :
- L’étonnement s’exprime-t-il en ouvrant largement les yeux et la bouche et en élevant les sourcils ? - La honte fait-elle rougir, quand la couleur de la peau permet de reconnaître ce changement de sa coloration ? en particulier, quelle est la limite inférieure de la rougeur ?
Darwin a bien du mal avec cette question de la rougeur, qui termine son livre. En effet, la propension à rougir (blushing) lui semble spécifique de l’homme — et même davantage de la femme que de l’homme, de la jeunesse aussi plus que de l’âge mûr — exprime la timidité, la honte ou le remords, et relève par conséquent du « sens moral ». On a vu que Darwin en scrute les premiers signes chez son fils. Ayant surpris l’enfant en flagrant délit de mensonge (à l’âge de 2 ans et 7 mois), le père prend le pas sur le savant, et il conclut : « Comme nous élevions cet enfant uniquement par la douceur, il devint bientôt aussi sincère, aussi franc et aussi tendre qu’on pouvait le désirer. »
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Faut-il penser que « le sens moral » décidemment s’acquiert ? C’est du moins la position de Darwin. Ainsi le chapitre IV de La Descendance de l’homme, qui porte sur ce thème, commence comme suit :
Je partage entièrement l’opinion des savants qui affirment que, de toutes les différences existant entre l’homme et les animaux, c’est le sens moral ou conscience, qui est de loin la plus importante […] C’est le plus noble attribut de l’homme, qui le pousse à risquer, sans hésitation, sa vie pour celle d’un de ses semblables ; ou l’amène, après mûre délibération, à la sacrifier à une grande cause, sous la seule impulsion d’un profond sentiment de droit ou de devoir. Kant s’écrie : “Devoir ! Pensée merveilleuse qui n’agis ni par insinuation, ni par flatterie, ni par la menace, mais en te contentant de te présenter à l’âme dans ton austère simplicité ; tu commandes ainsi le respect, sinon toujours l’obéissance ; devant toi tous les appétits restent muets, si rebelles qu’ils soient en secret, d’où tires-tu ton origine (6) ?
Notons enfin un dernier moyen. Darwin a utilisé la collection de photographies du Docteur Duchenne qui, en galvanisant les muscles faciaux de vieillards, dont la peau fine est particulièrement sensible, leur fait exprimer toutes sortes de sentiments : le dégoût, le mépris, la haine, le défi, la tristesse ou la gaîté.

 

 

Figure 3 : à dr., le docteur Guillaume Duchenne (1806-1875), précurseur de la neurologie. Il déclenche chez son patient une expression de frayeur par la stimulation électrique (image Wikipedia).

Figure 3 : à dr., le docteur Guillaume Duchenne (1806-1875), précurseur de la neurologie. Il déclenche chez son patient une expression de frayeur par la stimulation électrique (image Wikipedia).
Et Darwin constate que si certaines de ces photos évoquent sans ambiguïté une expression donnée, d’autres « furent l’objet de jugement très différents ». Il conclut : « Cet examen me fut utile à un autre point de vue, en me démontrant la facilité avec laquelle nous pouvons nous laisser égarer par notre imagination. »
Cette remarque n’est pas du tout anodine. On le verra lorsqu’on abordera l’œuvre de Wallon, l’expression des émotions a, pour ce psychologue, une finalité éminemment sociale. Aussi, étant un moyen de communication, il est inévitable qu’elle suscite une réaction, même chez l’observateur le plus résistant.
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Revenons à l’article de Darwin. Comme il l’écrit lui-même, ce qui lui en a donné l’idée, c’est la lecture d’un article de Taine. Ce dernier occupe les premières pages du premier numéro de la Revue philosophique de la France et de l’Étranger, fondée par Théodule Ribot, en 1876.
Mais cet article est en fait, comme son titre l’indique, une simple « Note sur l’acquisition du langage chez les enfants et dans l’espèce humaine » et qui figurait initialement en annexe à De l’intelligence, un ouvrage publié en 1870. Est-ce la raison pour laquelle, le traducteur de l’article de Darwin dans La Revue scientifique, lui donne pour titre « Les débuts de l’intelligence » ? En tout état de cause, ce n’est pas là le titre de la version anglaise parue dans Mind, « A biographical sketch of an infant ».
Autre remarque. L’objectif de Taine n’a rien à voir avec celui de Darwin ni, paradoxalement, avec celui de Ribot. Taine se propose de mettre en place une nouvelle philosophie, et même une métaphysique, c’est dans ce but qu’il se sert des observations psychologiques. Ribot, au contraire, en 1870 également, préconise, dans un ouvrage intitulé La psychologie anglaise contemporaine (7), une rupture totale entre la philosophie et la psychologie. Cette séparation est, selon l’auteur, la condition nécessaire, et presque suffisante, pour que la psychologie devienne une science.
Mais laissons-là les contradictions qui traversent la psychologie, de sa naissance à nos jours, et disons que le texte de Darwin a peu retenu l’attention des psychologues français de l’enfance.
Le premier auteur qui s’y réfère est un physiologiste allemand, W. Preyer, dans un important ouvrage, au titre poétique, mais au contenu décidément tout opposé, L’âme de l’enfant (8). Il paraît en 1881 et la traduction française date de 1887.

 

 

Le développement du sentiment du « moi »
L’âme de l’enfant comprend trois grandes parties. La première porte sur le « développement des sens », que Preyer étudie l’un après l’autre, de la vue à l’odorat. Elle s’achève par un chapitre consacré à l’étude des « premières sensations et émotions organiques », celles de plaisir et de déplaisir, la fatigue, la faim, la peur ou encore l’étonnement.
La deuxième partie concerne le « développement de la volonté », c’est-à-dire des mouvements, et la dernière celui de l’intelligence.
Le dernier chapitre de cette partie, et donc du livre, porte sur le « développement du sentiment du moi ». Il contient une discussion directe avec l’Esquisse de Darwin (texte BibNum).

 

 

Figure 4  : William Preyer (1841-1897). Né en Grande-Bretagne, il a fait toute sa carrière en Allemagne et a été le premier titulaire de la chaire de physiologie de l’université d’Iéna (image Wikipedia).

Figure 4 : William Preyer (1841-1897). Né en Grande-Bretagne, il a fait toute sa carrière en Allemagne et a été le premier titulaire de la chaire de physiologie de l’université d’Iéna (image Wikipedia).
En fait, Preyer a utilisé pour cet ouvrage un nombre considérable d’observations d’enfants, qui manifestement sont à la mode à l’époque. Elles émanent de sources très diverses, parfois de physiologistes ou de médecins, mais aussi de parents curieux et attentifs. Bien entendu parmi ces observations, on trouve celle de Darwin.
Mais le fil conducteur de l’ouvrage et, selon l’auteur, son originalité, est le journal qu’il a tenu lui-même de la façon suivante :
Je suis […] arrivé à tenir un journal s’étendant de la naissance de mon fils, jusqu’à la fin de la troisième année. Comme, sauf deux interruptions insignifiantes, j’observai mon fils chaque jour, à trois reprises au moins : le matin, à midi, et le soir, comme je m’en occupais en cherchant à le protéger autant que possible contre les dressages accoutumés, je trouvais presque chaque jour un fait de psychogenèse à noter. J’ai résumé dans ce livre les faits essentiels de mon journal.
Le problème que se pose Preyer est le même que celui de Darwin : dégager l’inné de l’acquis. Et c’est pourquoi, il insiste sur la nécessité d’une « observation complète, quotidienne, d’un seul enfant, se développant sans frères ni sœurs, à une allure qui n’a rien de particulièrement rapide, ni de particulièrement lent. »
Mais ce qui l’intéresse aussi, est une question d’ordre quasi philosophique, ou du moins qui remonte à la philosophie : celle de la constitution de la personne, ou d’un « moi » distinct du reste du monde et en particulier des autres. Voilà pourquoi Preyer, dans ce chapitre, retient le passage suivant de l’Esquisse de Darwin :
À quatre mois et demi, il lui arriva souvent de sourire en voyant dans un miroir mon image et la sienne, sans doute parce qu’il les prenait pour des objets réels ; mais il fit preuve de discernement lorsqu’il se montra surpris d’entendre ma voix derrière lui. Comme tous les enfants, il aimait à se regarder au miroir, et en moins de deux mois il comprit parfaitement que ce n’était là qu’une image, car si je faisais quelque grimace sans prononcer un mot, il se retournait brusquement pour me regarder. Cependant, à l’âge de sept mois, se trouvant dans le jardin, il m’aperçut dans ma chambre, de l’autre côté d’une glace sans tain, et sembla se demander si c’était moi ou mon image. Un autre de mes enfants, une petite fille, à l’âge d’un an était loin d’être aussi avancée, et sembla tout étonnée de voir dans un miroir l’image d’une personne qui s’approchait d’elle par derrière. Les singes des espèces supérieures auxquels j’ai quelquefois présenté un petit miroir, se comportaient tout autrement : ils mettaient leurs mains derrière le miroir, ce qui était une preuve d’intelligence ; mais loin de prendre plaisir à se voir, ils se fâchaient et ne voulaient plus regarder.
 
 

Figure 5 : Le stade du miroir (cliché Wikipedia/ Flickr).

Figure 5 : Le stade du miroir (cliché Wikipedia/ Flickr).
Preyer a lu attentivement l’article de Darwin, car il relève aussi, dans la rubrique « Moyens de communication », le « Ah » qu’émet l’enfant « lorsqu’il reconnaissait une personne, ou se voyait dans une glace, un son exclamatif, comme nous faisons pour exprimer la surprise. » Ce « “Ah” de surprise » sera exploité par Wallon et, de façon différente, par Lacan.
À la suite de ce résumé des observations de Darwin, Preyer expose les siennes. Car il les a refaites de façon systématique avec son fils, commençant à l’âge de onze semaines et les poursuivant jusqu’à celui de dix-sept mois, où, selon l’auteur, « le moi est bien développé, où il est distingué de son image comme de l’image et de la personne des autres, et où cette distinction est consciente. »
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Pour compléter et mieux interpréter tout cela, Preyer ajoute ces deux observations sur les animaux :
Une paire de canards de Turquie, que j’observai chaque jour pendant des mois, se tenait toujours à l’écart des autres canards. La femelle vint à mourir, et je fus très étonné de voir le mâle adopter comme retraite préférée un emplacement devant une fenêtre de cave, doublée intérieurement, de sorte qu’elle réfléchissait fort bien les objets à la façon d’une glace ; il restait devant cette glace des heures. Il y voyait son image et peut-être croyait-il voir sa compagne disparue. (…) Un jeune chat, devant qui je posai un miroir, devait évidemment prendre son image pour un second chat, car, dans les cas où la position du miroir le permettait, il se glissait par derrière et en faisait le tour. (…) Par contre beaucoup d’animaux ont peur de leur image et la fuient. (9)
Ce chapitre se termine par quelques considérations sur l’acquisition des mots. Selon Preyer, « le sentiment du moi ne se constitue vraiment que lorsque l’enfant sait parler. Il peut alors distinguer les notions de je, moi et mien ».

 

 

Le corps propre et son image extéroceptive
C’est là le titre du chapitre IV de la deuxième partie des Origines du caractère chez l’enfant (10) de Wallon, qui paraît en 1934, et dont le sous-titre, moins sévère et plus explicite, est : Les préludes du sentiment de personnalité.

 

 

Henri Wallon (1879-1962)

 

Henri Wallon, normalien, puis médecin et docteur ès lettres, fait partie de la toute première génération de psychologues français qui, guidés par Ribot, complètent leur formation philosophique par celle de la médecine, et même plus spécialement de la psychiatrie. Car à l’époque, il n’existe pas en France, de formation spéciale pour les futurs psychologues. Wallon, dès ses premiers écrits, ses articles tout comme sa thèse, s’intéresse avant tout à l’enfant et à son évolution. Démis de son enseignement pendant la Seconde Guerre mondiale, il est député communiste à la Libération, et est l’auteur avec Paul Langevin du plan Langevin-Wallon, projet global de réforme de l'enseignement et du système éducatif français mis à l’étude de 1944 à 1947.

 

 

Figure 6 : Henri Wallon, psychologue et homme politique français (image Académie de Versailles)

Figure 6 : Henri Wallon, psychologue et homme politique français (image Académie de Versailles)

 

 

Les origines du caractère chez l’enfant de Wallon, tout comme l’ouvrage de Preyer, est subdivisé en trois parties, mais de conception très différente. Ainsi, si chacune est fermée sur elle-même, l’ensemble dessine bien une chronologie, et comme le souligne Wallon dans l’avant-propos : « L’unité de ce livre tient surtout à celle des idées qui y sont présentées. »

 

La première partie envisage « Le comportement émotionnel ». Elle s’achève sur la question que nous avons évoquée plus haut, « L’expression des émotions et leurs fins sociales ». La troisième partie est intitulée « La conscience de soi » et elle aboutit à « La crise de personnalité », que Wallon situe vers 3 ans. Nous laissons ces deux parties de côté, car c’est la seconde, « Conscience et Individualisation du corps propre », qui se termine par le chapitre IV, dont nous avons repris le titre pour ce paragraphe.
Wallon y analyse les observations de Darwin et Preyer, auxquelles il en ajoute d’autres, faites par lui-même, ou provenant d’autres auteurs. Et s’il utilise l’expression d’ « image extéroceptive », c’est que toutes impliquent une situation où l’image du corps propre lui parvient de l’extérieur (« extéroception »), réfléchie par le miroir.
Ce qui frappe au premier coup d’œil, c’est l’ordre d’exposition choisi par Wallon. Il commence par étudier « L’attitude des animaux devant un miroir » et c’est le canard de Turquie de Preyer qui retient tout d’abord son attention. Voici comment il interprète le comportement du malheureux veuf :
Sans doute son propre reflet pouvait-il suppléer au vide laissé par l’absence de sa compagne à ses côtés. Son impression d’être décomplété devait en être atténuée […] Il suffit d’admettre que de simples impressions visuelles ont pu tenir lieu de toutes celles qui révèlent une présence réelle et de reconnaître aux rayons réfléchis par la vitre le même pouvoir qu’à ceux réfléchis par un corps réel. Sous l’apparence d’une illusion complète, de simples mécanismes substitutifs semblables à des réflexes conditionnels. Et c’est déjà beaucoup. (11)
Ensuite vient le chat qui tourne autour de la glace. Cette observation lui paraît « d’interprétation douteuse », surtout comparée à l’attitude de ses deux chiens, qu’il a soumis lui-même à une sorte d’expérience :
L’attitude de mes deux chiens devant le miroir est en tout cas différente de celle qu’ils ont lorsqu’on les place devant une vitre : tout ce qu’ils voient alors par transparence les excite et les attire au plus haut degré, bien qu’ils tiennent compte de l’obstacle interposé. Devant la glace, ils ne sont pas non plus indifférents et neutres comme devant un mur. Mais ce qu’ils y voient les déroute sans doute, ne trouve pas de réaction à susciter dans leur comportement habituel, ne se laisse par conséquent identifier à rien qu’ils connaissent, et ne prend éventuellement de sens qu’en se fusionnant avec certaines impressions actuelles. Impressions de caresses, impressions passivement subies (12).
Et pour terminer Wallon en vient au geste du singe cité par Darwin : « Il semble là d’un acte véritable de connaissance. » Et, poursuit Wallon : « Les chimpanzés seraient déjà capables […], selon Köhler, de se reconnaître sur un portrait. C’est un stade que l’enfant n’atteint pas d’emblée. »
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Dans le paragraphe suivant, Wallon étudie « L’enfant devant l’image spéculaire d’autrui» Il y interprète les observations de Darwin, notamment celle où l’enfant, entendant la voix de son père, se retourne surpris, et celles de Preyer. Et en conclusion, il mentionne l’explication suivante :
K. Bülher constate que, sensible dès avant la fin de la première année à la ressemblance de l’image dans le miroir et de la personne, mais surpris du dédoublement, si l’enfant donne la prépondérance à la personne sur l’image, c’est parce qu’elle est source de sons (13).
Enfin, Wallon aborde la question de « L’enfant devant sa propre image spéculaire » :
Darwin note que vers le huitième mois [l’enfant] manifeste par des « Ah » sa surprise, chaque fois que son regard se trouve rencontrer son image, et Preyer qu’à la trente-cinquième semaine il tend la main avec ardeur vers son image et s’étonne quand il sent le contact uni de la glace. L’illusion de réalité paraît donc complète, alors que, depuis plusieurs semaines déjà, il se retourne vers l’objet aperçu dans le miroir (14).
Cette difficulté qu’éprouve l’enfant à s’identifier à son image spéculaire peut s’observer, selon Wallon, dans d’autres situations et qui ne mettent pas en jeu le reflet dans un miroir :
Dans le rêve, par exemple, où il n’est pas exceptionnel que l’image visuelle du rêveur se détache de lui […] ; et aussi dans certains états hypnagogiques, où le sujet se voit précéder ou accompagné de son double visuel ; au cours de la transe poétique, paraît-il, chez certains poètes, chez les moribonds, chez les noyés, et d’une façon générale, chaque fois que la dissolution de ses fonctions réductrices et abstraites rend leur essor aux images. Car il est dans la nature des images d’appartenir à l’espace (15).
On voit que Wallon, partant des observations de Darwin et Preyer, complétées par les siennes et par celles d’autres psychologues, leur donne une signification qui les dépasse largement. Il s’agit là de tout ce qu’implique la construction de l’espace par l’enfant. Il faut bien le reconnaître, cela n’est pas toujours facile à comprendre, surtout détaché de l’ensemble du livre.
Mais, l’exemple suivant permet cependant de saisir comment s’amorce l’étape suivante :
Il semble que le premier pas soit franchi vers un an, lorsque, par exemple, la petite fille de Guillaume passant devant une glace, porte rapidement la main vers le bonnet de paille dont elle était coiffée depuis le matin. L’image dans le miroir n’a plus d’existence pour elle-même ; elle est immédiatement reportée par l’enfant sur son moi proprioceptif et tactile ; elle n’est plus qu’un système de références, apte à orienter les gestes vers les particularités du corps propre dont elle donne l’indication. En se vidant de l’existence, elle est devenue purement symbolique (16).
On laissera de côté les prolongements d’un disciple de Wallon, René Zazzo (1910-1995), qui a repris les observations de l’enfant devant son image spéculaire — tout en en éliminant la comparaison avec l’animal —, de façon systématique et contrôlée. Ils marquent une étape dans la psychologie de l’enfant, en lui donnant un caractère expérimental et, par conséquent, le statut de science vraie, qu’elle convoite tant. Il nous a paru plus intéressant de jeter un coup d’œil sur une autre façon de poursuivre cette enquête, celle proposée par la psychanalyse, et tout spécialement par Jacques Lacan.

 

 

Le stade du miroir
Le volume 8 de l’Encyclopédie française paraît en 1938. Il est dirigé par Wallon, qui lui donne pour titre, La vie mentale, en définit le plan et, comme c’est souvent le cas, en écrit une grande partie. Mais il fait aussi appel à d’autres auteurs, psychologues, psychiatres ou encore, surmontant ses préventions, à des psychanalystes, dont Lacan. A l’époque il n’était pas encore le personnage que nous connaissons de nos jours.
L’article de Lacan comprend deux longs chapitres. Le premier s’intitule « Le complexe, facteur concret de la psychologie familiale » et le second, « Les complexes familiaux en pathologie ». (17)
C’est dans le premier chapitre, dans la partie elle-même intitulée « Le complexe d’intrusion – La jalousie, archétype des sentiments sociaux », que l’on trouve un court paragraphe dont le titre est : « Le stade du miroir »
Il semble que les divisions, titres et intertitres du texte de Lacan, soient de Wallon. Car le disciple de Lacan, Jacques-Alain Miller, a réédité ce texte dans son intégralité et surtout sa continuité (18). Mais d’un autre côté, on peut penser que cette mise en vedette du « stade du miroir » n’a pas déplu à Lacan. En effet, la communication de 1949 sur ce thème et dont le texte est repris dans les Écrits, a pour titre : « Le stade du miroir comme formateur de la fonction du Je telle qu’elle nous est révélée dans l’expérience psychanalytique ». En voici quelques lignes :
Peut-être y en a-t-il parmi vous qui se souviennent de l’aspect de comportement dont nous partons : le petit d’homme à un âge où il est pour un temps court, mais encore un temps, dépassé en intelligence instrumentale par le chimpanzé, reconnaît pourtant déjà l’image dans le miroir comme telle. Reconnaissance signalée par la mimique du Aha-Erlebnis, où pour Köhler s’exprime l’aperception situationnelle, temps essentiel de l’acte d’intelligence (19).
Le style de Lacan est inimitable et sa façon de citer, ne pas citer ou mélanger à plaisir les noms des auteurs, a suscité quelques débats – mais ce n’est là pas notre propos. Il n’en reste pas moins que l’expression allemande « Aha-Erlebnis (20) » et l’évocation du nom de Köhler – que nous avons rencontré chez Wallon – montre bien qu’il s’agit là d’un événement unique dans la vie de l’enfant, et qui produit une rupture ou un seuil.

 

 

Figure 7 : Jacques Lacan (1901-1981).

Figure 7 : Jacques Lacan (1901-1981).
Dès lors une remarque s ‘impose à propos de ce fameux « stade du miroir » ou, comme le suggère Lacan, de cette « phase ». Ce stade est manifestement unique. Il n’est donc pas de même nature que les stades (au pluriel) que décrivent les psychologues de l’enfance — notamment Wallon qui décrit ceux de la personnalité par exemple — et qui sont des étapes marquant la progression dans le développement psychique. Quel est donc le statut de ce stade ?
On peut trouver quelques éléments de réponse à cette question, dans le texte d’une conférence de 1953 de Lacan, intitulée « Le mythe individuel du névrosé », dont le texte a été reproduit en 1978, dans la revue Ornicar :
C’est d’abord dans un autre, plus avancé, plus parfait que lui, que le sujet se voit. En particulier, il voit sa propre image dans le miroir à une époque où il est capable de la percevoir comme un tout, alors que lui-même ne s’éprouve pas comme tel, mais vit dans le désarroi originel de toutes les fonctions motrices et affectives qui est celui des six premiers mois après la naissance. Le sujet a toujours ainsi une relation anticipée de sa propre réalisation, qui le rejette lui-même sur le plan d’une profonde insuffisance, et témoigne chez lui d’une fêlure, d’un déchirement originel, d’une déréliction, pour reprendre le terme heideggerien. C’est en quoi dans toutes ses relations imaginaires c’est l’expérience de la mort qui se manifeste. Expérience sans doute constitutive de toutes les manifestations de la condition humaine, mais qui apparaît tout spécialement dans le vécu du névrosé (21).
Cet « autre plus avancé et plus parfait que lui » évoque bien la situation décrite à l’origine par Darwin dans l’Esquisse : « À quatre mois et demi, il lui arriva souvent de sourire voyant dans le miroir mon image et la sienne. »
Si Lacan, dans toute son œuvre, accorde un rôle prépondérant au père, il en va tout autrement d’un autre psychanalyste, anglais, et spécialiste de l’enfance : Donald W.Winnicott (1896-1971).
L’article de Lacan sur « Le stade du miroir » m’a certainement influencé. Il traite de la fonction du miroir dans le développement du moi de tout individu. Cependant, Lacan ne met pas en relation le miroir et le visage de la mère ainsi que je me propose de le faire.
Ces lignes sont de Winnicott. On les trouve dans le chapitre IX de Jeu et réalité, chapitre très explicitement intitulé : « Le rôle de miroir de la mère et de la famille dans le développement de l’enfant (22)».
Un peu plus loin dans ce même chapitre, on lit :
Que voit le bébé quand il tourne son regard vers le visage de la mère ? Généralement, ce qu’il voit, c’est lui-même. En d’autres termes, la mère regarde le bébé et ce que son visage exprime est en relation directe avec ce qu’elle voit.
Pour Winnicott, il le dit et le répète souvent, le bébé – tout comme l’enfant – isolé de son environnement, cela n’existe pas. L’enfant est toujours dans une situation humaine, relationnelle et, bien entendu, émotionnelle. En ce sens, et curieusement parce qu’il ne l’a certainement pas lu, Winnicott rejoint Wallon. Mais, psychanalyse oblige, la situation relationnelle qu’il privilégie, est celle qui existe entre l’enfant et sa mère. Et c’est la raison pour laquelle « Dans le développement émotionnel de l’individu, le précurseur du miroir, c’est le visage de la mère. »
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Que reste-t-il au bout de ce long périple de l’article de Darwin ?
Contrairement aux apparences, l’essentiel. Car nous retrouvons, notamment avec Winnicott et Wallon, la question initiale que se posait Darwin dès 1840. La question qui l’a conduit à observer son fils, celle de l’expression des émotions.

 

Juillet 2011

 

 

 

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(1) Darwin C., Autobiographie, La vie d’un naturaliste à l’époque victorienne, Paris, Belin, 1985.

(2) Darwin C., Voyage d’un naturaliste autour du monde, fait à bord du navire Beagle, Paris, La Découverte, 2003 (trad. de ‘Beagle’ Diary : Charles Darwin’s Diary of the Voyage of H.M.S. Beagle, Cambridge University Press, 1933).

(3) Sur la théorie de l’évolution, élaborée à partir de ce voyage sur le Beagle, voir texte et analyse BibNum, Timothée Flutre, Thomas Julou, Livio Riboli-Sasco (en collaboration avec Michel Morange) « La théorie de la sélection naturelle présentée par Darwin et Wallace », décembre 2009.

(4) Dans la version anglaise de l’Autobiographie, publiée aux Oxford University Press en 1983, on trouve un « Fragment d’autobiographie » datant de 1838. Darwin s’y souvient qu’à huit ans, son seul plaisir, lorsqu’il se promenait en voiture avec son père, était d’observer les animaux et les oiseaux, d’où cette conclusion : « Je suis né naturaliste »

(5) Darwin C., L’Expression des émotions chez l’homme et les animaux, Paris, Editions du C.T.H.S., 1998 ; Darwin C., La Descendance de l’homme, Paris, Editions Complexe, 1981.

(6) La descendance de l’homme, Tome I, Chapitre IV, p.103

(7) Ribot Th., La psychologie anglaise contemporaine École expérimentale, Paris, Alcan, 1870, (3e éd. 1914)

(8) Preyer W., L’âme de l’enfant, Paris, Alcan, 1887

(9) L’âme de l’enfant, p. 448

(10) Wallon H., Les origines du caractère chez l’enfant, Paris, Boivin, 1934

(11) Les origines du caractère chez l’enfant, p.191

(12) op.cit. p. 192

(13) op.cit. p.197

(14) op.cit. p.197

(15) op. cit. p.199

(16) op.cit. p.202

(17) Ces deux chapitres sont précédés d’une introduction intitulée : « L’institution familiale »

(18) Lacan J. « Les complexes familiaux dans la formation de l’individu », in Autres écrits, Paris, Seuil/Le champ freudien, 2001, p.23-84,

(19) Lacan J. Écrits, Paris, Seuil, 1966, p.93

(20) litt. « L’événement du aha » - le déclic.

(21) Ornicar, 1978, n° 17-18, p.291-307

(22) Winnicott D.W. Jeu et réalité, Paris, Gallimard, folio/essais, 1975, p.203

 

LIVRES

 

 

Maury L. Les émotions de Darwin à Freud, Paris, PUF, coll. « Philosophies », 1993
Maury L. Les émotions de Darwin à Freud, Paris, PUF, coll. « Philosophies », 1993

 

 

Jalley E., L’enfant au miroir, Paris, E.P.E.L., 1998
Jalley E., L’enfant au miroir, Paris, E.P.E.L., 1998

 

 

 

 

ARTICLES

 

 

Canguilhem G., « L’homme et l’animal du point de vue psychologique selon Charles Darwin » (1960), in Études d’histoire et de philosophie des sciences, Paris, Vrin, 1983, p.112 Canguilhem G., « L’homme et l’animal du point de vue psychologique selon Charles Darwin » (1960), in Études d’histoire et de philosophie des sciences, Paris, Vrin, 1983, p.112

 

 

Zazzo R., « Image spéculaire, conscience de soi », in Psychologie expérimentale et comparée, Paris, PUF, 1977, p. 325 Zazzo R., « Image spéculaire, conscience de soi », in Psychologie expérimentale et comparée, Paris, PUF, 1977, p. 325

 

 

Zazzo R., « Genèse de la conscience de soi », in Psychologie de la connaissance de soi, Paris, PUF, 1975, p. 145 Zazzo R., « Genèse de la conscience de soi », in Psychologie de la connaissance de soi, Paris, PUF, 1975, p. 145 On peut aussi lire dans le même volume, l’article de Pontalis J.B., « Naissance et reconnaissance du ”Self“ » p. 271